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La musique contre les troubles de la mémoire

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Source https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurologie/la-musique-contre-les-troubles-de-la-memoire-7889.php

Les musiciens, et notamment les chefs d’orchestre, ont une mémoire impressionnante. Leur pratique musicale renforce les « réserves cérébrales ». Ici, Antoine Marguier dirige le concert donné le 21 mars 2014 au Victoria Hall de Genève, en Suisse.

La musique renforce la mémoire et les réserves cognitives, précieuses pour lutter contre les effets du vieillissement normal. On a même découvert que des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent encore mémoriser de nouvelles mélodies.

Hervé Platel, Mathilde Groussard et Baptiste Fauvel CERVEAU & PSYCHO N° 63

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On a tous en mémoire une chanson particulière, et l’on se souvient de l’année et des circonstances où on l’a écoutée. Le lien entre la musique et les souvenirs personnels est fréquent et étroit, qu’il s’agisse de chansons, de musique folklorique, de musique classique, de chansons populaires : certaines musiques sont des jalons de notre mémoire autobiographique, voire de notre identité.

Je me souviens de ton bouquet de pensées amoureusement cueilli autour du monument aux morts.

Je me souviens de beaucoup de chansons de Claude François.

Je me souviens que mon père nous emmenait à l’école dans la remorque à vélo.

Extrait de Je me souviens, Georges Perec, 1978

 

Ce n’est que depuis la fin des années 1990, c’est-à-dire tout récemment, que les sciences cognitives et les neurosciences ont com-mencé à s’intéresser à la mémoire musicale. Or ces recherches présentent un intérêt tant fondamental que clinique. Intérêt fondamental, car l’écoute et la pratique de la musique sont des activités qui aident à mieux comprendre la diversité et la spécificité des mécanismes neurocognitifs de la mémoire ; intérêt clinique, car les activités musicales sont de plus en plus utilisées pour restaurer des fonctions cognitives dégradées par certaines pathologies. Cela tient notamment au fait que la mémoire musicale est une fonction cognitive étonnamment résistante aux maladies du cerveau.

Qu’est-ce que la « mémoire musicale » ? Bien que la mémoire soit complexe et présente de multiples facettes, plusieurs de ses dimensions sont liées au domaine de la musique. Tout d’abord, elle peut fonctionner selon un mode volontaire, contrôlé, explicite, ou mode conscient, ou selon un mode involontaire, automatique, implicite, ou mode inconscient. En effet, nous mémorisons le monde qui nous entoure soit en faisant un effort mental afin de retenir des informations, ce qui passe par des stratégies de répétitions ou d’associations de ces informations – mode conscient –, soit sans faire d’effort particulier – mode inconscient. Cette distinction est importante, car, en musique, beaucoup de nos connaissances et représentations sont acquises par exposition « naturelle ».

Nous savons que les mécanismes cognitifs complexes et contrôlés, tels que l’encodage d’informations et leur récupération, sont sensibles aux effets des maladies qui perturbent la mémoire. Or la mémoire implicite est plus résistante aux maladies du cerveau. Dès lors, la mémoire musicale, qui est largement supportée par les mécanismes de la mémoire implicite, serait-elle résistante à certaines maladies du cerveau ? Permettrait-elle même de lutter contre elles ? Nous allons examiner ici de nombreux résultats qui l’indiquent.

Mémoire consciente et mémoire inconsciente

À partir de la distinction entre mémoire implicite et mémoire explicite, il est possible d’identifier cinq grands types de mémoires : la mémoire de travail, qui nous permet de retenir et de manipuler une petite quantité d’informations pendant quelques secondes, le fonctionnement de cette mémoire étant volontaire et nécessitant un contrôle conscient ; la mémoire