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S’il n’y a pas de don en musique, il y a des aptitudes et des capacités, des capacités motrices, sensorielles, cognitives au-delà de la moyenne, voire exceptionnelles. Deux qualités paraissent essentielles dans de nombreuses pratiques : l’inhibition et l’anticipation.
– L’inhibition, qui permet au sujet de ne pas répondre à toutes les informations qui le sollicitent et d’inhiber certaines informations et privilégier celles qui sont utiles à la tâche. Ce sont des milliers d’informations sensorielles qui traversent nos récepteurs ; l’expert en musique est capable de centrer son attention et négliger les informations qui ne sont pas au service du jeu.
– L’anticipation, qui permet d’être prêt avant ; c’est vrai pour le geste moteur, mais aussi l’appréhension de l’œuvre, des réactions du public, etc.
Ces qualités sont sous-tendues par des processus inconscients et en grande partie non visibles sur le plan pédagogique qui n’en mesure en général que les conséquences.
Le cerveau de l’interprète, même si cela ne se voit pas, fonctionne à plein régime ; heureusement les apprentissages ont permis d’engrammer des automatismes qui permettent à l’expert de se concentrer sur l’essentiel tout en ayant toujours une réserve potentielle pour parer à un imprévu technique ou psychologique.
Il serait important de mieux connaître comment fonctionne le pianiste expert sur le plan cognitif et moteur afin d’améliorer ses stratégies pour apprendre à jouer et améliorer sa pratique.
Un moyen aujourd’hui à la portée des institutions pédagogiques est le port de lunettes « d’eye-tracking ». Ces lunettes permettent d’analyser précisément les mouvements des yeux et donc une partie de la saisie de l’information par le sujet.
Une expérience a été réalisée consistant à faire porter ces lunettes à un pianiste expert et à une pianiste en apprentissage (son élève). Les pianistes ont été enregistrés en jouant des œuvres qu’ils connaissaient, ainsi que des œuvres nouvelles.
Comment le pianiste regarde le clavier et lit la partition qu’il joue ?
Les résultats de l’analyse des données offrent un aperçu unique sur la manière dont les deux pianistes regardent le clavier, leur main et lisent les partitions musicales pendant qu’ils jouent et sur les processus cognitifs en jeu dont ils n’étaient pas conscients durent leur performance.
L’analyse informatique des résultats de cette saisie d’informations visuelles révèle des différences en relation avec l’expérience, le niveau d’expertise du pianiste
Le pianiste expert, le professeur Daniel Beliavsky, est plus à l’aise avec le clavier, le mouvement de ses yeux est plus fluide, plus cohérent, plus centré. Le pianiste expert a passé moins de temps à visualiser la position de ses mains et plus de temps à se concentrer sur la lecture de la partition. L’expert a parcouru verticalement et horizontalement le champ avant, ce qui montre qu’un aspect de l’expertise est la capacité de rester mentalement dans l’anticipation de l’action des mains et de la lecture de la partition.
Le pianiste expert regarde la partition plus que ses mains, tout en gardant une stratégie de vision optimale, alors que son élève Charlotte Bennett a une stratégie avec des mouvements visuels moins cohérents, plus erratiques ; elle passe plus de temps à regarder le clavier.
De manière impressionnante, le pianiste expert est capable de regarder à l’avance où ses mains seront dans quelques secondes.
Pour le professeur Daniel Beliavsky, cette technique « de repérage des mouvements oculaires » pourrait être un outil utile dans les écoles de piano afin d’obtenir un retour informatif immédiat sur les aspects cachées de la technique pianistique et en procurant au professeur un nouveau moyen d’améliorer les stratégies et de faire progresser l’élève.
Les stratégies déployées par les pianistes experts pour saisir les informations visuelles et les interpréter peuvent être des modèles ou d’excellents outils pour aider les pianistes en apprentissage à perfectionner leur jeu. Par ce moyen, les professeurs pourraient apprendre à leur élève pianiste à devenir économe dans la prise d’information et dans la manière de mettre en oeuvre des plans d’action moteurs plus efficaces.
Rédacteur Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Oeuvres utilisés dans l’expérience
– Sergei Rachmaninoff: Prelude No. 2, Op. 3
– Franz Schubert: Impromptu No. 3, Op. 90
– J.S. Bach: Italian Concerto, BWV 971, movement 1
– Beethoven’s Pathetique Sonata, No. 8, Op. 13, Movement 2
– Bach’s d minor Prelude No. 6 from the Well-Tempered Clavier, Book 1, BWV 851
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