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L’impact de la musique chez l’enfant

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Source https://www.lapresse.ca/arts/musique/201612/01/01-5046882-limpact-de-la-musique-chez-lenfant.php

Pendant trois ans, des chercheurs montréalais vont suivre des groupes d’élèves afin de voir quels sont les effets de l’apprentissage de la musique dans leur vie. Ces petits Mozart devraient fournir plusieurs réponses aux questions que l’on se pose depuis longtemps. Découverte d’une étude unique en son genre.

On sait depuis longtemps que l’apprentissage de la musique a des effets bénéfiques chez l’enfant. Mais quelle est la véritable nature de cet impact ? Grâce à l’initiative de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), à la générosité de donateurs privés et à la collaboration de l’Université de Montréal, une importante étude sur le sujet sera menée au cours des trois prochaines années dans une école de Montréal.

« Des études du genre ont déjà été menées dans le monde, explique Nathalie Fernando, vice-doyenne de la faculté de musique de l’Université de Montréal. Mais c’est la première fois qu’on fait les choses de cette façon. Les conclusions devraient être très intéressantes. »

Depuis le mois d’octobre, trois groupes d’élèves du préscolaire (4 et 5 ans) de l’école Saint-Rémi Annexe, à Montréal-Nord, font partie de cette étude qui évaluera le rôle de la musique dans la vie d’un enfant.

D’où vient cette idée ?

L’idée de ce projet revient à Kent Nagano, directeur musical de l’OSM. Depuis plusieurs années, il avait en tête de mener une expérience qui démontrerait que l’apprentissage de la musique classique dès le plus jeune âge est essentiel dans l’évolution d’un être humain.

« Ma génération a eu le privilège d’avoir été mise en contact avec la musique classique très jeune. Malheureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Plusieurs écoles ont laissé tomber la formation musicale. On voit les conséquences aujourd’hui. Quel type de génération cela va-t-il donner ? »

—  Le maestro Kent Nagano

Il y a environ trois ans, Kent Nagano s’est adressé à une équipe de chercheurs de l’Université de Montréal afin de les sensibiliser à cette problématique. Rapidement, il a été convenu que des professeurs et assistants de recherche de la faculté des sciences de l’éducation, de la faculté de musique et de l’École de réadaptation de la faculté de médecine allaient travailler ensemble.

On a ensuite trouvé une commission scolaire qui pouvait offrir son entière collaboration à ce vaste projet. Celle de la Pointe-de-l’Île a dirigé l’équipe de chercheurs vers Karina Mongrain, directrice de l’école Saint-Rémi, à Montréal-Nord. La jeune directrice a accepté de mettre à la disposition des chercheurs trois groupes d’enfants parmi ses 160 élèves du niveau préscolaire.

« La musique favorise la concentration, dit Kent Nagano. Elle procure une discipline, elle enseigne l’importance des valeurs et des traditions. C’est à cela que serviront cette formation et cette étude. Mais au-delà de tout cela, il faut savoir qu’un enfant qui apprend la musique n’est jamais seul. Juste pour cela, l’apprentissage de la musique est capital. »

À quoi va ressembler l’étude ?

Le sous-sol de l’école Saint-Rémi Annexe a été complètement transformé pour accueillir cette expérience. Une petite scène tout en bois a été construite. Le long du mur de cette mini-Maison symphonique, 34 petits violons sont accrochés. Dans un couloir, on retrouve huit cubicules, tous équipés d’un piano et d’une petite aire de jeux.

Une visite des lieux nous permet de voir que chaque prof, tout en suivant le programme prescrit par l’étude, a une approche personnelle. Lors de notre passage, l’une des enseignantes avait recours à une marionnette pour expliquer à un garçon une certaine notion de musique.

« Je n’en reviens tout simplement pas, nous a dit Karina Mongrain lors de la visite de La Presse à l’école Saint-Rémi Annexe. Je me demandais ce qu’ils allaient faire des lieux. Ils ont fait des miracles. »

Les locaux ont pu être aménagés grâce à la généreuse collaboration de Satoko Shibata et de Richard Ingram, ainsi que de la Fondation Marcelle et Jean Coutu. D’autres donateurs qui participent au projet ont préféré garder l’anonymat. Quant aux travaux de recherche menés par les trois facultés, ils sont financés par l’Université de Montréal.

Les cours sont donnés par une équipe de quatre éducateurs en piano, un éducateur en violon et un éducateur en chant choral et rythmique. Un coordonnateur, Julio Gonzalo, sert d’intermédiaire entre l’école, l’université, l’OSM et les parents des élèves.

Qu’allons-nous découvrir ?

Les chercheurs vont s’intéresser à trois groupes :

– Seize élèves du groupe Musique+ qui bénéficient d’une formation de trois heures de musique par jour (chant, piano et violon) ;

– Seize élèves du groupe Musique au quotidien qui reçoivent une heure et quart de musique par jour (piano et voix) ;

– Des élèves du programme normal.

« Nous allons tenter de voir quels sont les effets de l’apprentissage de la musique sur les autres matières, les mathématiques et le français, explique Nathalie Fernando. Nous allons aussi nous intéresser à l’impact de la motivation chez l’enfant. Finalement, nous regarderons tout ce qui touche les habiletés motrices, fines et grossières. »

L’étude comprend également une série de rencontres avec les parents des élèves suivis par les chercheurs. Ces derniers tenteront de voir l’impact des cours de musique dans la relation famille-école.

Depuis la réforme de 2009, on laisse le soin aux écoles de faire le choix final quant à la formation qui est offerte en art dramatique, en arts plastiques ou en musique. Cette dernière discipline a été la grande perdante de cette nouvelle manière de faire.

« En effet, c’est plus compliqué et plus coûteux d’offrir une formation musicale en milieu scolaire. Beaucoup d’écoles ont laissé tomber les cours de musique », dit Nathalie Fernando.

Si l’étude présente des résultats positifs, Nathalie Fernando souhaite que ceux-ci exercent une influence sur ceux qui prennent les décisions. « C’est sûr qu’on aimerait pouvoir convaincre le ministère de l’Éducation que l’enseignement de la musique est important. Celui-ci n’est pas réservé uniquement à l’élite. Tout le monde devrait y avoir accès. »

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